bOOmbay !!

samedi 5 mai 2007

Bidonville

Le bidonville! Un mot pour nous en France, mais concrêtement qu'est-ce que c'est? Ici pas de photo, juste une image de la réalité. Il y a les quelques "maisons" en bâche, tôle et planches sur le bord de la route. A l'intérieur des pots, de la vaisselle, des icônes de divinités. Une femme est couchée sur la chaussée avec sa petite fille devant leur "propriété". A côté il y a un coiffeur, dans la rue; plus loin un type qui casse des bouts de faïence et de verre en plus petits morceaux. Un autre écrase des cannettes métalliques à coups de marteau. Celles-ci ont peut-être été récoltées par un enfant. Tiens, en voilà un justement, il doit avoir 5 ans. Il transporte des petites bouteilles en verre dans ce qui fût l'emballage plastique d'un pain de mie. Ici les déchets font vivre tant de gens. J'ai changé mes habitudes; jamais je ne compresse une bouteille plastique avant de la jeter. Il y a aussi un forgeron. A même me sol, il fabrique des burins sur une enclume de fortune. Son assistant tourne la manivelle du petit souffleur qui alimente en air l'âtre de son four formé de trois ou quatre briques. Des enfants, ceux qui sont assez grands, jouent au cricket. (D'ailleurs, à ce propos, si vous voulez créer une révolution en Inde c'est simple, il suffit d'interdire le ciment qui lie les éléments de la société ensemble : le cricket!)

Entrons maintenant à l'intérieur d'un bidonville à proprement parler car nous étions jusque là dans une rue "classique" où se sont installés quelques barraques, juste en face de quelques bijouteries! Entrons dans un bidon - ville. Une petite ruelle part depuis une grande artère. C'est l'entrée. Dès le début c'est... différent. Il y a des chèvres; c'est plus étroit; il y a des bruits qui se mélangent maius ce ne sont plus ceux des klaxons. Au fur et à mesure que l'on s'enfonce à l'intérieur, la route change de dimension. D'abord réalité-bitumée, puis anecdote-cailouteuse, souvenir-poussiéreux et enfin imaginaire-boueuse. On a l'impression d'un labyrinthe et pourtant il n'y a pas 36 chemins. Maintenant les chèvres et les boucs sont partout. Les chiens aussi. C'est un grand mélange. Il y a un boucher et ses trois ou quatre morceaux de viande suspendus qui en attendant d'être vendus font le bonheur des mouches. Le coiffeur, le "répareur" de... tout sans doute, le boulanger, un vendeur de gadgets et quincaillerie ambulant. Bref, c'est un alignement sinueux de minuscules boutiques, ateliers d'artisans, vendeurs en rang serrés. Il y a aussi un atelier de peinture. Au pistolet avec un mouchoir-de-protection-homologué en guise de masque, des travailleurs repeignent une voiture.Dans un bidonville tout le monde est actif. La surpopulation est encore plus oppressante. Est-ce parce que tous sont dehors puisque l'intérieur est trop étroit ou parce qu'ils sont effectivement plus nombreux? Et puis on retrouve des jeux qui ont disparus chez nous : la course de pneu apprivoisé par les petits coups précis d'un bâton qui prolonge le bras d'un enfant; la toupie propulsée par une ficelle tirée d'un coup sec puis que l'on enroule soigneusement avant de relancer. Il y a aussi le cours d'eau, la petite rivière. Certains osent ils y faire leur lessive? En tout cas l'eau y est noire et couverte de détritus, de plastique, qui forment une sorte d'écume épaisse, de croute.

Et puis, on voit une moto; puis deux. Une école. Une voiture qui roule. A 200 mètre un bâtiment flambant neuf. Ca y est; c'est la sortie du bidonville. C'est la sortie d'un monde vers un autre. On vit dans un monde physique unique mais presque dans des dimensions parallèles, des réalités différentes qui existent en même temps. Où est l'unité? Même espèce, même degré d'évolution mais des vies si différentes.

ON RECHERCHE!

Voici ce que l'on pouvait lire en première page du Mumbai Mirror du 3 Mai :

Pour les non Anglophonesvoici la traduction :

On recherche : "Morts, et surtout pas vivant! les rats de Bombay. Récompense par rat : 5 roupees."

"BMC (c'est la ville quoi!) offre aux Mumbaikars 5 roupees pour chaque rat qu'ils tuent. Il y a 9 crores de rats (c'est à dire 9x10 millions!) (que nous aurions tout aussi bien pu traduire par "y'en a une sacrée belle pelletée non d'une pipe"). Ce qui nous fait donc un petit pactole de 45 crores (450 millions) de roupees à saisir chers amis."

C'est une traduction pas tout à fait littérale. Mais l'idée y est.

On nous précise également que cette prime remplace celle de 50 paisa (une demi roupee) jusqu'alors en vigueur. Pour toucher sa récompense, le chasseur doit se rendre dans un bureau municipal de son quartier et présenter son trophé! A ceci, est ajouté (car ils ont pensé à toutes les éventualités) : si dans votre motivation à utiliser le bâton ou le caillou de chasse, vous avez réduit le corps de l'odieuse créature en une bouillie telle, qu'elle est plus assimilable à un rat, alors apportez la queue, ça nous suffit!

Ils ne précisent pas si il faut obligatoirement être humain pour toucher sa récompense. En effet, les corbeaux font concurrence. Parfois on les voit se disputant un intestin. Après le petit déjeuner je vous assure que c'est charmant, surtout quand l'un d'entre eux s'envole, la marchandise au bec et vous passe à quelques centimètres au dessus de la tête. Enfin, bref c'est aussi ça les joies de l'Inde.

Tiens! pendant que je vous tiens, parlons des crores et des lakhs. En Inde, on présente les chiffres de manière un peu curieuse. Les chiffres d'un nombre sont regroupés par trois et par deux en même temps!!! Exemple : voilà comment on écrit cent mille : 1,00,000 soit : un lakh. On ne dit pas cent mille ou deux cent mille mais 1 lakh, 2 lakhs etc. De même nous avons les crores qui représentent des dizaines de millions. Ainsi 1 crore = 10,000,000 etc. A noter pour l'anecdote que Sha Rukh Khan à remplacé Big B (Amitabh Bachchan) pour animer "crores pati" (qui veut gagner des millions).